Le burkini sur les plages pose des problèmes à
l’Hexagone. Pendant que leurs voisins italiens comptent leurs
morts par centaines, après le séisme d’Alatrice, les Français en
restent une nouvelle fois à des affaires de fringues. La conclusion
est la suivante: il est impossible de se dorer la pilule sous les
auspices d’Allah en toute impunité. On se taxe de fachos ou de
progressistes délirants entre voisins, à la moindre incartade des
uns et des autres. Bref, sale ambiance en perspective... Il ne
manquerait plus que des familles entières de Roms ou de réfugiés
kosovars s'agitent entre les hordes de touristes et le tour sera joué
pour vous plomber les vacances. Ou encore que la mignonne Nadège
Vallem-Benkaso sorte de son ministère en burqa sous les huées des
badauds.
Sur le sable fin et les galets, les estivants
s'ennuient à en crever, c'est le fond du problème. Les sudokus et
les blagues potaches ont fait leur temps. Et les mioches, même sous
un soleil de plomb, ne se calment pas. Que faire face à cette
considérable masse d'eau stagnante, cette gigantesque flaque à
voiliers s'étendant sur un horizon immaculé qui fit dire à Fellini
qu'il lui préférerait même une version en carton-pâte ?
Homme libre, longtemps tu chercheras quoi faire
devant la mer... Et l’hystérie qui naîtra de ta morbidité
affective augmentera sans doute avec les arrêtés préfectoraux.
Un problème qui, sauf votre respect, n'en est pas un
Il convient d'abord de rappeler certains faits: d’une
part, il n’est nullement fait mention au burkini dans le Coran ni
dans les haddiths. Les salafistes, quand ils sont intéressés par le
fait religieux (ce n'est pas gagné...) plus que par le dernier navet
de Chuck Norris, prônent plutôt la claustration de leurs femelles
reproductrices dans leur F3 de banlieue, dans des tâches de
confexion de couscous et autres exercices quotidiens qui servent
davantage leurs combats qu’une combinaison de plongée sous-marine
vaguement mystique. « C’est symbolique, c’est symbolique! »
entend-on sur les forums. Un Macdonald’s planté au sein des centres
historiques est-il moins symbolique, de même qu'une rue jadis
médiévale transformée en conglomérat de drugstores et de
boutiques de lingerie fine ?
Du reste, le Dieu des strings, l'espagnol Amancio
Ortega, première fortune au monde, a bien raison de profiter de
l'argent et des lubies de ces belles dames. Qui n'en ferait autant?
Vive la libéralisation par le tissu ! C'était déjà le cas dans
les temps renacentistes, quand les Pays Bas bourguignons puis les
Anglais jouissaient d'un véritable monopole en la matière. Et ce
n'était pas un mal... Quel spectable équivaudrait à la
contemplation des ourlets des toiles de Van Eyck, de ses soies
brillantes, de la sensualité de ses drapperies aux motifs infinis?
Sans ce commerce, nulle Renaissance artistique flamande n'aurait
fleuri. C'est plus tard que le bas a blessé! Stockings bless you, en
mauvais anglais! L'industrie du textile est devenue la plus polluante
de l'Histoire, déversant scrupuleusement, en guise d'offrande
coloniale, ses colorants et produits chimiques dans des égoûts
délocalisés. Les rivières sont devenues phosphorescentes comme les
veines d'un junkie en fin de parcours. L'industrie en question fut
également le moteur de la traite négrière, car la culture du coton
et de l'indigo, qui donna sa couleur au blue jeans, nécessita une
main-d'oeuvre gratuite à grande échelle et tout un charivari
transatlantique sous la forme du commerce triangulaire.
Non, si cet uniforme anti-UV teinté de religiosité
pose problème, c'est qu'il n'aurait pas reçu l'aval de la multitude
et de ses représentants. À quand un référendum sur la question?
On en est dans de sales, de draps... mais ne filons plus de métaphore
et retournons-en à notre analyse.
Cette antiburkomanie pâlote est d'abord une affaire
politique, soit. Dire que la gauche se soumet à une quelconque
chariah est pourtant un contresens. D'abord, je l'ai dit, parce que
ce burkini est une mixture nouvelle, un objet-valise post-moderne de
plus à mettre dans l'escarcelle des nouvelles Mythologies. D'autres
combinaisons communautaristes sont d'ailleurs à prévoir comme le
Coca Cohalal, le Red-Bouddha, le Burger-Yi-King, le chocolat
Milkacher, ou encore l'Évangélatine, pour pâtisseries new-borns
méthodistes, équivalent du space-cake des hyppies. La Redoute veut
continuer de vendre ses frusques aux musulmans, voila tout.
Comme le sus-dit catalogue, le PS propose son tissu
idéologique aux chalands adeptes d'Allah. Tactique du rameutement
propre au racolage électoral, à la logique imprésariale, utilisée
dans toute grande corporation qui se respecte. Le procès peut être
fait dans l'autre sens puisque leurs opposants misent sur le vote des
français de souche lepenisés, prêts à lapider le premier barbu
sorti du minaret si les ordres leur en étaient donnés, et à crier
avec les Corses extrêmistes : "Arabi Fori!", comme au
temps-jadis où il était de bon ton de casser du bicot dans une
optique de rasainissement social.
Parler de politique, c'est décidément tomber bien
bas.
Pour des raisons esthétiques, je déplore que des
femmes, parfois superbes, puissent être burkinisées contre leur
gré. Passons pour les boudins et les poilues qui ont le temps de se
convertir à l'hédonisme des foules. Il faudrait défendre en tout
cas celles qui sont empêchées de sortir de chez elles par des maris
fanatiques... Enfermer ces derniers dans des fabriques de
soutiens-gorges au Bengladesh, au sein du grand califat d'Inditex,
telle serait l'une des solutions à privilégier. Et en fait de
contraventions, si les pervenches sont lâchées en vue d'une récolte
de fonds publics (avec les burkinis, on n'irait pas loin...), il
faudrait appliquer ces mêmes procédures aux bonnes soeurs, aux
hommes-grenouilles, ou encore aux kowietiennes sortant des palaces de
la Côte d'azur, dont l'unique passe-droit est la carte de débit des
fortunes de leurs époux, lesquels, visiblement, ne suscitent qu'un
faible intérêt chez les flics et les diplomates de ce bon pays.
Etienne Milena, le 28 août 2016
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