Dans trois jours débutent
les Jeux. Homo ludens sera en folie. La torche arrivera à
destination prochainement. Ce relais flamboyant entre coureurs issus
de diverses contrées est l'invention d'Hitler, ce grand admirateur
de Sparte. La tradition, bien accueillie par Coubertin, a perduré,
au-delà des Jeux Olympiques de Berlin. Ces derniers furent d'abord
défendus par Goebbels, car Hitler les envisageait comme une orgie
judéo-nègre de plus. Mais le propagandiste ne tarda pas à
convaincre le Führer de cette opportunité d'enseigner au monde la
supériorité des Aryens. On sait ce qu'il en fut, de l'élégance
des foulées de Jessie Owens (traité comme le dernier des criminels
par les États-Unis à son retour) à la victoire de la juive
hongroise Ibolya Csák. Dans ta gueule Moustache! On ne refait pas
l'Histoire.
B. me parle souvent de sa
sensation de vivre dans un pays fasciste, lorsqu'il allume sa
télévision et passe cinq chaînes retransmettant des parties de
football. Je ne peux pas lui donner tort. L'émergence des nazis doit
beaucoup au sport. LTI, la langue de l'Empire, parle par exemple de
la constante comparaison faite par les nazis avec les coureurs
automobiles. Aujourd'hui encore, l'absence de jugement au sein des
masses, leur adhésion à de nouveaux plans de manipulation, est
garantie par le spectacle des stades, des chorégraphies entre
supporters, ces pendants grégaires des rixes et des mises-à-mort
entre hooligans.
Abellio descrivait le
football comme "un sport d'automates", au contraire du
rugby, qu'il pratiquait. Je remarque que les nations historiquement
les plus fortes en football, sont en effet des anciennes dictatures.
L'Italie, l'Espagne, le Brésil, l'Allemagne, l'Argentine sont des
références. La France l'est devenue également, au moment où elle
recueillait les fruits d'une forme de dictature suprématiste:
l'expansion coloniale.
Le profit des joueurs
arabes, antillais et maliens permit aux français abonnés à la
défaite de palier à leurs manques physiques. Après la soumission
(héritée par les nouveaux expatriés français du Calcio italien),
l'autre aspect hérité des systèmes dictatoriaux fut en effet le
culte du physique: la masse musculaire africaine fut cette option
choisie par le pouvoir.
Pensez à quoi
ressemblerait l'équipe nationale sans ce splendide athlète nommé
Moussa Sissoko!
Ce lien entre football et
dictature, s'explique d'autre part, par le fait que le football ne
demande la présence sur le terrain que de peu d'imagination et
d'esprit d'initiative. Un seul créateur, le 10, surnage. Les autres
obéissent aux plans militaires du maître à penser,
l'entraîneur-caporal chef.
Enfin, mais je l'ai déjà
souligné, comme émanation fasciste, le football se dirige à
l'imbécillité collective, au même titre que les corridas. Les
gradins remplis d'une populace délétère, cherchant l'affrontement
ou l'aboutissement d'un certain modèle de reproduction sociale dans
la distraction, permettent par la même occasion d'offrir un emploi à
l'ensemble de cette corporation délirante qui fait feu de tout bois:
les journalistes sportifs, dont la plume semble à la mesure de cette
abominable liesse.
Pour toutes ces raisons, si je me dirige avec circonspection vers les cercles de la culture, je n'ai pas de prédilection particulière pour les amateurs de ce sport,qui sont en général de sexe masculin et d'une culture grossière.
Pour toutes ces raisons, si je me dirige avec circonspection vers les cercles de la culture, je n'ai pas de prédilection particulière pour les amateurs de ce sport,qui sont en général de sexe masculin et d'une culture grossière.
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