samedi 30 avril 2016

Antitweet 63 (castellano)



Nuestro tiempo ha inventado unas comunidades ociosas con un millar de causas, como una bola de espejos en una fiesta de barrio. Entre tanta decoración y tanto ruido apenas se vislumbra que hubo una vez otras causas que el simple deseo de no estar solo con uno mismo.



Etienne Milena ©

(gracias a  Iker De la Fuente por su traducción)



vendredi 29 avril 2016

Antitweet 63



Notre temps a inventé des communautés oisives aux milles causes, lesquelles finissent par tourbillonner au-dessus de chacun comme la boule à facettes d'une fête de quartier, où seules quelques formules sur des pancartes accumulées suggèrent qu'il y eut, derrière tout ce décor et ce bruit, une autre cause que la simple envie de n'être plus seul avec soi-même.



Etienne Milena ©

jeudi 28 avril 2016

Antitweet 62


Tout anachronisme est un signe de bonne santé mentale.


Etienne Milena ©

Jan Van Eyck et Jacques Coeur






Jan Van Eyck fut le contemporain de Jacques Coeur, argentier du roi Charles VII (le roi qui fut sacré grâce à Jeanne d'Arc en 1429 à Reims et qui valut à la Pucelle d'Orléans d'être mise sur le bûcher, après avoir été livrée aux Anglais par les Bourguignons) à partir de 1436: Les époux Arnolfini est un tableau datant de 1434, époque où Van Eyck n'est plus sous la tutelle du Duc de Bourgogne, mais vit à Bruges et reçoit des commandes de riches bourgeois négociants et nomades (la taille portative des Epoux Arnolfini est faite pour satisfaire ces voyages répétés des commanditaires entre l'Italie et les Pays-Bas Bourguignons. À l'époque, ces derniers sont le pendant nordiste de l'Italie, en termes de haute culture et d'éclosion des Beaux-Arts. Héritier de la vieille Lotharingie, il représente une puissance politique : "Depuis 1363, à la faveur des guerres anglaises, la Maison de Bourgogne, branche cadette des Valois, a constitué un État. Au temps de Charles le Téméraire (1467-1477), il s'étend  de Mâcon à Amsterdam, d'Amiens à Mulhouse (...) Un pôle de civilisation artistique qui, à Dijon, Beaune, Bourges, Gand ou Bruxelles, soutient la comparaison avec l'Italie. Vers 1470, Louis XI fait piètre figure à côté de Charles le Téméraire" (cf. Histoire de France, Jean Carpentier et François Le Brun, p.150, que tout bon citoyen devrait apprendre par coeur, au lieu de se prélasser en meutes près des fontaines publiques, ou de protester, à l'inverse, contre l'odeur des vagabonds). Je ferme la parenthèse en disant que cela n'empêcha pas Louis XI de s'imposer par la suite. Mais avant cela, le commerce des textiles facilite la prosperité générale de ces Pays-Bas Bourguignons, commerce bientôt relayé par l'ouverture vers les Indes et les Amériques, un siècle plus tard, par le port d'Anvers que connaîtra Brueghel. 

Le Capital et les Banques sont à l'origine de la magnificence des arts de la Renaissance: cela fait mal mais le nier serait stérile. C'est le Capitalisme néo-libéral tel qu'il s'est propagé dans les années 1980, celui des Reagan, Thatcher, Beregovoy et Naouri qui ferma la boucle et détruisit ce que ce premier Capitalisme localisé avait construit avant sa chute.

Dans un tel contexte d'opulence des classes aisées, l'art en garde évidemment la trace. Les drapés, l'ondulation et la brillance de la soie seront des motifs privilégiés par Van Eyck qui travaille donc quelques années pour Philippe le Bon, duc de Bourgogne, fils de Jean sans peur (assassiné sous les ordres du futur Charles VII). Cela en fait un membre du camp ennemi (allié aux Anglais de 1419 à 1435) de Jacques Coeur et des siens. Sur le plan historique, la représentation du Chancelier du Duc, le dénommé Rolin, est remarquable. Un épisode du magazine Palettes lui est consacré. L'auteur de l'Agneau mystique (qui fut une oeuvre collective et familiale) est entré dans l'histoire de l'art pour deux faits précis. C'est l'un des premiers artistes à signer son oeuvre, dans une perspective individualiste, et l'un des propagateurs de la technique de la peinture à l'huile, qui permet de s'approprier les effets de lumière (il n'est néanmoins pas l'inventeur de cette technique).



 

Ce qui en fait un maître absolu est sa dévotion pour le détail, de l'orfèvrerie aux menus objets, des miroirs qui préfigurent une pensée baroque qu'énoncera Velazquez bien plus tard. Enfin, sa reappropriation des miniatures qu'il dut sans doute voir lors de son voyage au Levant. Voyage que le propre Jacques Coeur effectua, jusqu'à Damas, et dont il savourera l'architecture et s'en inspirera pour édifier son propre Palais, où il ne vivra d'ailleurs jamais. On a d'ailleurs peut-être tort d'y voir seulement une émanation du Gothique, ("Gothique tardif") en oubliant de déceler cette influence orientale évidente. Reste à définir quel crime de lèse-majesté valut à Jacques Coeur d'être exclu par le Roi. Mon avis est que Jacques était israëlite, son background familial le prouve. Bien que les historiens n'ont jamais investi une telle hypothèse, peu nationaliste, cela me semble une piste à privilégier. 

Enfin, remémorons-nous les principaux ducs de Bourgogne (Steiner explique comment il organise des listes de papes qu'il s'agit de restituer jusqu'au dernier, pour exercer sa mémoire, qui est un intéressant paliatif aux journées paresseuses). Aussi mon antisèche du jour : 

Philippe le Hardi père de
Jean sans peur (assassiné sous les ordres du dauphin Charles, futur Charles VII), père de
Philippe le Bon père de
Charles le Téméraire, défait par Louis XI alors qu'il était prêt à faire de Nancy sa capitale

lundi 25 avril 2016

Connaître Gaito Gazdanov








J'offre au lecteur une traduction personnelle, depuis l'espagnol de ce fragment du Spectre d'Alexander Wolf, entre les crachats de quelques visiteurs dont je me passerais bien. Mais non, je me l'offre à moi-même, car le lecteur ne me dit rien qui vaille. Les français n'ont qu'à acquérir la traduction en leur langue, qui existe et qui leur sera bénéfique ! Vla! Et bon vent!

De Dostoievski à Nabokov (contemporain de Gazdanov), la littérature russe a souvent utilisé le thème du "Double". Dans le cas de ce roman, dont la trame est un joyau du genre, Gazdanov met en scène un assassin (bien que le crime eut lieu dans un cas de légitime défense, en pleine guerre) découvrant que sa victime a survécu et est devenu un écrivain qu'il relate la scène de cette fausse mort dans son récit I'll come tomorrow.

Avec une rare élégance et un érotisme délicat, Gazdanov arrive à donner une transparence à la fois onirique et charnelle à son récit. Plus que dans le Requiem de Tabucchi, ou dans Pedro Paramo de Rulfo, la présence des corps vivants est indémêlable de celles des spectres (celui de Wolf, celui de Yelena, l'amante du narrateur).

Il n'est pas surprenant de voir que les plus grands écrivains français soient d'origine slave.

Ce fragment relate la rencontre entre le narrateur et sa victime. Le reste est une divagation magnifique sur la mort et la culpabilité.


"C'était un interlocuteur intéressant, il savait bien des choses, il possédait un point de vue original, et je compris précisément pourquoi cet individu avait pu écrire ce livre. Ce soir là, il me donna l'impression qu'en réalité, tout lui était indifférent: il parlait des choses comme ci celles-ci ne l'affectaient pas personnellement. Sa philosophie se caractérisait par une absence d'illusion : le sort de chacun n'est pas important, la mort nous accompagne toujours, c'est-à-dire, ce qu'il appelait l'interruption du rythme habituel, parfois de forme subite, et qui était la loi; chaque jour, naissaient des dizaines de mondes solitaires, d'autres mourraient, et nous passions à travers ces catastrophes cosmiques invisibles, en supposant de manière erronnée que ce morceau réduit d'espace que nous voyions était la reproduction du monde. Pourtant, Wolf croyait en un système général difficile de définir, éloigné de quelque harmonie hydillique que ce soit: ce qui nous paraissait parfois l'oeuvre d'un hasard aveugle était souvent la fatalité. Il supposait que la logique n'existait pas en-dehors des constructions conventionnelles et involontaires, presque mathématiques; que la mort et le bonheur constituaient l'essence d'un même ordre, puisque dans un cas comme dans l'autre, c'était l'idée d'immobilité qui prédominait.

- Et les milliers d'existences heureuses?

- Oui, ce sont les personnes qui vivent comme les chiots qui n'ont pas encore ouvert les yeux.

- Pas nécesserairement, le bonheur peut recouvrir d'autres aspects.

- Si nous possédons ce féroce et triste courage qui oblige l'homme à vivre avec les yeux ouverts, est-il possible d'être heureux? Nous ne pouvons pas même imaginer que celles que nous considérons les plus merveilleuses aient été heureuses. Shakespeare ne fut jamais heureux. Michelange non plus.

- Et Saint-François d'Assise?

Nous traversâmes un pont de la Seine. Au-dessus du fleuvre flottait une brume matinale, à travers laquelle surgissait une ville fantasmagorique.

- Il aimait le monde, de la même façon que d'autres aiment les petits enfants, dit Wolf. Mais je ne suis pas sûr qu'il fût heureux. Rappelez-vous que le Christ était continuellement affligé et que sans cette affliction le christianisme serait impensable.
Il ajouta ensuite:

- J'ai toujours pensé que la vie semblait être un voyage en train, cette lenteur de l'existence personnelle, enfermée dans un mouvement extérieur frénétique, l'apparente sécurité, cette illusion de la continuité. Et puis, en une seconde, comme par inadvertance, un pont se brise ou un rail cède, et se produit l'interruption du rythme , que nous appelons la mort."


Laissons donc les fadaises insupportables des publications contemporaines, réinvestissons du temps et du respect dans ces auteurs qui, avec les classiques, sont les seuls qui vaillent.

jeudi 21 avril 2016

Noche de pie



Me preguntan cual es mi opinión sobre "La nuit debout". Digo a los españoles de mi entorno que no sabría que contestar a esta pregunta, ya que soy un animal versátil que desprecia la multitud, a fortiori cuando esta se reúne bajo unos lemas grotescos.

Mi ignorancia sobre este tema es tan brutal que apenas les puedo decir algo más sobre la índole de este desprecio... y más ahora que llevo casi quince años viviendo fuera del país de los derechos humanos.

Pero reconozco que no me desagrada del todo que la gente salga a la calle.

Hace unas décadas, el ciudadano medio era terriblemente inculto y no podía rivalizar con los políticos y los intelectuales post-sartrianos. Estaban aplastados por los conceptos de estos últimos, y carecían de conocimientos políticos agudos para defenderse.

Pero ya no es el caso. El ejemplo de Podemos en España me parece llamativo (este movimiento como tal ya no me interesa porque llegó a convertirse en partido político, lo que despierta mi desconfianza más que mi propio interés de observador imparcial). El pueblo tal como lo representaba Podemos era letrado, culto y quizás sectario en algún sentido, pero no ignorante del todo. En cambio, los poderes del PPSOE podían empezar a asustarse. No tenían respuestas a preguntas que nunca se habían hecho, no tenían herramientas dialécticas para enfrentarse a las criticas, no tenían la capacidad para luchar en las tribunas. Solo podían intentar poner una barrera gracias a los medios de comunicación: aún así, les salió mal la jugada. Eran nuevos ricos a veces corruptos, con un pensamiento blando que consistía en salvar como podían sus posiciones de dueños del país. Podemos entró en esta brecha sin más problemas.

Otro hecho que contribuye a que me sienta a gusto con el movimiento de "La nuit debout" es el enfado que despierta en las élites de derecha, clase cuyo único talento es cobrar su renta maldiciendo la gentuza miserable que quería climb the social ladder with them. Me recuerda a estos habitantes del distrito 16 de Paris enfadados porque el ayuntamiento quería edificar un refugio de marginales en el barrio.

Non mais regardez-moi ces gueules !




La última vez, el filosofo francés Alain Finkielkraut, autor de esta expresión genial "La resistencia imaginaria" se acercó a la Plaza de la República. Un grupillo de ultra-izquierda le echo a patadas. ¡Menuda concepción de la democracia que la de estos idiotas! 

Tengo muchas cosas que reprochar a Finkielkraut (para mi, la amistad incomprensible que estableció con Bernard Henri Lévi dió un golpe terrible a su legitimidad de pensador, porque BHL es la quintaesencia de lo nulo que pueda llegar a ser un intelectual en este país) pero si existe un autor mediático que merece el respeto de todos es Alain Finkielkraut. Que estemos o no de acuerdo con él.

No creo que sea un gran escritor (la tesis de su Défaite de la pensée puede resumirse en un articulo), es más bien un gran orador, capaz de expresarse en una lengua divina, creando y animando un programa radiofónico en France Culture que es probablemente el mejor en las ondas gabachas. El siempre se pone en peligro, invitando a gente que no es necesariamente de su lado. Por eso, me quedé sin palabra viendo como una entupida profesora de inglés mandaba a callar al académico en un programa de la televisión francesa.

Vivimos en un mundo de redes sociales donde la muchedumbre tiene más arrogancia (los semi-habiles de Pascal andan despiertos) que nunca. Una mediocre funcionaria de estado de colegio puede rivalizar con un pensador serio y comprometido con el saber. Les dan el micrófono a la señorita. "Usted puede empezar a insultar, no se preocupe, no necesitamos más palabras."

Es la cara y la cruz de una misma moneda. Una sociedad que ofrece el saber a todo el mundo fabrica ignorantes que se creen sabios: de todos, los más peligrosos.

Etienne Milena

dimanche 17 avril 2016

Antitweet 61



Il ne faut sans doute pas se forcer pour savoir ce que l'on aime. Notre propre pulsion intérieure nous guide vers ce qui est bon pour nos sens. Cela varie d'un individu à l'autre, mais les goûts se consolident durant la "maturité", lorsque les grimaces se figent et deviennent des traits de caractère.


Etienne Milena ©

dimanche 10 avril 2016

Wikimania

Fleur séchée Antaimoro (Madagascar, photo tirée de Wikipédia)

Lors de mes études, je restais souvent dans ma chambre.

Le bâtiment de la faculté et ses bibliothèques étaient une offense à la vue. Je préférais faire front en regardant par la fenêtre de ma résidence calamiteuse le lacet de la voix ferrée se perdant dans les collines attenantes.

Un jour, un des voisins, un gentil pédéraste d'origine libanaise, qui me savait grand lecteur, toujours avide d'apprendre des étudiants venus de contrées lointaines (plus que des étudiants français, sortes d'énergumènes ineptes enfantés par cet organe de propagande appelé "télévision" qui se fait sentir encore aujourd'hui à travers la mollesse de toute une génération), un voisin libanais, disais-je, me proposa un crack et un disque-compact qui m'ouvriraient d'autres mondes.

Il installa (me cracka, dit-on dans le jargon geek) une encyclopédie dans mon ordinateur portable.

Je n'allais plus en cours. Je musardais dans les cartes, d'un pays à l'autre, d'une culture à l'autre.

Que l'on ne me croit pas érudit pour autant (ou que l'on me croit tel, après tout, la réalité est une grande faussaire et il faut la laisser faire), car les savoirs passent et disparaissent, comme les amourettes sans lendemain. Pour qu'ils se consolident en nous, il faudrait arrêter de vivre. Ne plus penser à tant d'affaires de fornication et de tripes, ne plus se laisser dévier par ses véritables penchants d'hominidés organiques et besogneux.

Mais j'ai gardé cette habitude des encyclopédies multimédias. La meilleure de toutes est wikipédia.

Certes, des articles tels que le "Romantisme" ne valent pas grand chose. Un simple coup d'oeil nous fait prendre conscience que quelques branquignoles de passage en profitent.

Mais n'est-il pas heureux de pouvoir lire un article de qualité (marqué d'une étoile) sur "Barry Lyndon", ou sur les indiens Choktaw, ou encore sur les sorabes, en allemagne du nord, qui parlent une langue mélangeant le tchèque et le polonais et comprise de leurs cousins serbes ?

Wikipédia est la plus belle invention qui soit, et au lieu de se faire les apôtres du temps dilapidé par les réseaux sociaux, cette mise en demeure de l'esprit, d'aucuns pourraient faire la promotion de cet outil communautaire. 

Je me demande pourquoi les gens travaillent, au lieu de s'assoir sur les terrasses avec des livres, mais je comprends les nécessités du monde des familles. Le pouvoir d'achat commande le monde.

Et les cercles de la culture forment un conglomérat de lèche-culs et de petits marquis prétentieux qui ne leur donne pas tort.

Un article sur la Guerre de Trente ans ou les Rohingyas, cette minorité musulmane martyrisée par la majorité bouddhiste de Birmanie, un autre sur la navigation au XVIe siècle, m'offriront peut-être quelques éléments de réponses à ce mystère.


Etienne Milena.

samedi 9 avril 2016

Antitweet 60




Il faut rendre justice aux autres, qui tolèrent nos défauts, plus que nous-même. Lorsqu'il s'observe, l'homme est miné par les scrupules et le quand-dira-t-on. Or, l'indifférence générale prend toujours le pas sur les reproches ciblés, car la critique, dans un souci d'analyse, demande des efforts que peu de personnes sont capables d'entreprendre. Il est naturel de détester ses propres défauts, mais stupide d'en faire les autres juges, car c'est une image faussée qu'ils ont de nous, et quand ils font le choix rarissime de s'intéresser, l'image n'est en rien plus fidèle.


Etienne Milena ©

mercredi 6 avril 2016

Antitweet 59




Quand l'être humain est à bout de lui-même, c'est vers l'autre qu'il se dirige instinctivement, pour lui administrer les premiers secours, cette consolation de tous les fiascos.



Etienne Milena ©

Antitweet 58



L'élan inconsidéré vers sa propre chair, aux dépens de celle des autres, dans l'espace et dans le temps, commande le monde. Narcissisme et mégalomanie sont bien les principales composantes de la paternité.

Etienne Milena ©


Antitweet 57



Je m'allège de moi-même, et mon pas s'alourdit quand j'y pense et l'écris.



Etienne Milena ©