Hier, G.
m'a invité à un mosto et m'a parlé de ses multiples conquêtes durant une
demi-heure. 154 en six mois, selon ses dires. D'après lui les couineuses ne
prennent pas plus de plaisir que les autres. Sa cartographie était remarquable.
Cela composait un atlas qui couvrait les pays les plus exotiques. Il y a chez
les hommes à femmes une homosexualité latente qui les incite à parler de leurs
succès à la moindre personne du même sexe. J'ignore cependant si G. rêve de
m'enculer. Je l'ai félicité et je suis allé au Mercadona acheter un café glacé
que j'ai consommé sur la plaza, devant un cèdre qui tendait ses branches dans
le ciel nu, comme Boateng devant les Italiens. J'ai repensé à S, une voisine
qui m'avait conté le matin même, entre deux rires, que G. était un piteux amant
et qu'elle s'était endormie en cours de route sous son ventre bedonnant.
Tenir sa
langue, c'est la chose que homo ludens fait le moins. Perro ladrador poco
mordedor. Le chien qui aboie est celui qui mord le moins.
La revue
Clio, je l'ai dit, est une merveille. Le dossier qui nous est offert par José
Javier Esparza sur le djihadisme ne déroge pas à la règle. Cet investigateur
entreprend de faire un résumé exaustif et historique de ce concept fondamental
de l'Islam. Nul souci de complaisance dans son compte-rendu.
Taqi
al-Din Ahmad Ibn Taymiyya (1263-1328) fut le deuxième djihadiste de l'Islam,
après son fondateur, un prophète issu d'une famille de négociants exerçant un
monopole sur la péninsule arabique six siècles plus tôt. Ibn Taymiyya est ce théologue
dont la conception du djihad fut réinvestie par le pakistanais Mandudi et
l'égyptien Qutb au XXe siècle, ces deux-là étant les théoriciens à l'origine de
l'idéologie de guerre sainte défendue par les talibans et l'État Islamique.
Ibn
Taymiyya profita du temps déliquescent des invasions mongoles du XIIIe siécle pour
ériger sa nouvelle doctrine. Ghazan, chef mongol fraîchement converti à l'Islam
en Mahmud Gazhan, suscita le dégoût de notre théologue qui s'évertua de créer
le concept d'"hypocrites" ou de "mauvais musulmans". Le
sort offert à ces mauvais musulmans dans le Coran est explicitement décrit
depuis la fondation de la religion. Il s'agit de les "frapper au cou et de
leur couper les doigts" (sourate 8 verset 12).
Je me
souviens de A. K. qui me disait en classe de 5e à quel point les musulmans
étaient supérieurs à nous-autres les mécréants. Il m'offrit un prospectus pour
apprendre à prier et me cassa ensuite la gueule après avoir détecté l'étendue
de ma dériliction.
Souvent,
j'assiste à des joutes verbales entre individus, parfois menant à des conflits
exacerbés. Un modérateur utilise alors la comparaison entre la Jihad et les
croisades chrétiennes pour aténuer ou relativiser les méfaits de l'Islam
terroriste. Comparaison totalement inopérante, selon Esparza car le "tu ne
tueras point" est un commandement de base mis à l'écart par les chrétiens
lors des mouvements belliqueux, quand la Djihad est au fondement même de
l'Islam. Esparza nuance tout de même cette assertion en concédant qu'il existe
plus d'une ambiguité dans les définitions de la Djihad, que d'aucuns interprétent
comme étant "l'effort" célestial, d'autres comme des appels au
versement du sang, comme le montrent clairement certains haddiths (ces recueils
des paroles du prophète, différents selon les branches chiites ou sunnites et
jariyis d'Oman).
Je pensais
que le salafisme était une doctrine datant du siècle des Lumières, mais Esparza
nous explique que les sectes africaines des almoravides et des almohades qui
envahirent l'Espagne médievale furent déjà salafistes (elles prônaient un
retour au passé et étaient rigoristes à outrance) au moins autant que les
saoudiens qui adoptèrent les croyances de Muhammad Ibn Abd al-Wahhab, figure du
XVIIIe siècle, pour créer le wahabbisme dont la diffusion, grâce à l'argent du
pétrôle, fut massive au XXe siècle.
Tout cela
m'invite à reprendre la lecture d'Henri Corbin, le spécialiste en Philosophie
islamique. A priori, la branche chiite de l'Islam à laquelle se raccorde le
soufisme, est plus spirituelle et tolérante que le reste. Mais le livre de
Corbin me semble tellement détaillé qu'il faudrait avoir lu six fois le Coran
et une centaine fois chaque commentateur pour s'y retrouver. Ce qui n'est pas
plus aisé pour un musulman que pour un impie.
Il
faudrait par exemple garder à l'esprit le fait que l'Islam ne possède pas
d'églises, que la transmission des savoirs y est assez chaotique (nul Concile,
ni papauté dans l'Islam). Que le Coran est supposément la parole de Dieu dictée
puis retranscrite par une tradition orale. Que la succession du calife Otman au
VIIe siècle reste l'origine du conflit entre chiites et sunnites. D'un côté Abu
Bkr, beau-père de Mohamet. De l'autre Ali (reconnu par les chiites) beau-fils
et cousin du prophète. À cette époque déjà, une guerrre civile se préparait.
Enfin, je
laisse cela un instant, je saisis une autre revue Clio pour me distraire de ces
histoires de lugubre succession. Tiens. Il est question de la venue des
samouraïs japonais en Andalousie au XVIIe siècle. Bel article. Certains
andalous issus de villages reculés ont une part d'ascendance nipponne, ce que
m'avait dit, G..
Tout cela est
un fameux micmac et les fables fondatrices des peuples sont si nombreuses,
qu'on finit par être reconnaissant d'être un batârd apatride peu enclin aux
délires identitaires et finalement assez raisonnable en fait de lubies
sexuelles et de narcissisme transgénérationnel et religieux.
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