"J'ai commencé à écrire quand mes cicatrices ont fleuri."
Humberto Ak'abal
Petite porte
Cette poésie est seulement
une petite porte pour que,
si tu le veux, tu entres dans mon coeur;
où les mots ne sont plus nécessaires.
Ce rêve
J'ai rêvé que j'étais enterré
des branches se sont élevées depuis mon corps
je me suis rempli de feuilles,
les oiseaux chantaient sur mes bras;
mon coeur croissait sur l'arbre.
Attentif
Être attentif aux remous de l'eau
sans jamais se mettre dans le sens du courant
Les raisons
Ces poèmes n'ont pas été écrits
pour sauver quoi que ce soit
sinon pour
ne pas tout oublier
Courage
Après cinquante ans,
je ne parviens pas à mesurer les forces de son courage.
Combien de fois l'ai-je vue triste,
cassée sous le poids du travail,
pleurant en silence,
souffrant en son intérieur.
Et aujourd'hui, comme si soudain
j'avais levé les yeux;
je vois ma mère
et je me rends compte
que moi aussi
je commence à vieillir...
L'autre pont
Si mes chevaux parlaient
ils te raconteraient sans ambages,
mes peines, tristesses, trahisons,
mes jours et mes jours de désoeuvrement
Ils te raconteraient
cette longue nuit où
je ressassai ce thème...
De cette matinée
où je me suis rendu sur le pont
saisi d'une pensée triste,
En voyant le vide,
J'ai senti la peur,
je suis revenu et j'ai découvert mes cheveux blancs...
Le ciel fermé
Ce jour-là
les nuages fermèrent le ciel
pas une goutte de soleil.
Une coulée de vent frais
nous décoiffait l'âme
Chaque fois qu'un tel jour s'annonce,
Même les mots se rident
Humberto Ak'abal, Cuando las piedras hablan
traduction Etienne Milena pour ces fragments