lundi 29 août 2016

Les burkinuls






Le burkini sur les plages pose des problèmes à l’Hexagone. Pendant que leurs voisins italiens comptent leurs morts par centaines, après le séisme d’Alatrice, les Français en restent une nouvelle fois à des affaires de fringues. La conclusion est la suivante: il est impossible de se dorer la pilule sous les auspices d’Allah en toute impunité. On se taxe de fachos ou de progressistes délirants entre voisins, à la moindre incartade des uns et des autres. Bref, sale ambiance en perspective... Il ne manquerait plus que des familles entières de Roms ou de réfugiés kosovars s'agitent entre les hordes de touristes et le tour sera joué pour vous plomber les vacances. Ou encore que la mignonne Nadège Vallem-Benkaso sorte de son ministère en burqa sous les huées des badauds.

Sur le sable fin et les galets, les estivants s'ennuient à en crever, c'est le fond du problème. Les sudokus et les blagues potaches ont fait leur temps. Et les mioches, même sous un soleil de plomb, ne se calment pas. Que faire face à cette considérable masse d'eau stagnante, cette gigantesque flaque à voiliers s'étendant sur un horizon immaculé qui fit dire à Fellini qu'il lui préférerait même une version en carton-pâte ?

Homme libre, longtemps tu chercheras quoi faire devant la mer... Et l’hystérie qui naîtra de ta morbidité affective augmentera sans doute avec les arrêtés préfectoraux.

Un problème qui, sauf votre respect, n'en est pas un

Il convient d'abord de rappeler certains faits: d’une part, il n’est nullement fait mention au burkini dans le Coran ni dans les haddiths. Les salafistes, quand ils sont intéressés par le fait religieux (ce n'est pas gagné...) plus que par le dernier navet de Chuck Norris, prônent plutôt la claustration de leurs femelles reproductrices dans leur F3 de banlieue, dans des tâches de confexion de couscous et autres exercices quotidiens qui servent davantage leurs combats qu’une combinaison de plongée sous-marine vaguement mystique. « C’est symbolique, c’est symbolique! » entend-on sur les forums. Un Macdonald’s planté au sein des centres historiques est-il moins symbolique, de même qu'une rue jadis médiévale transformée en conglomérat de drugstores et de boutiques de lingerie fine ?

Du reste, le Dieu des strings, l'espagnol Amancio Ortega, première fortune au monde, a bien raison de profiter de l'argent et des lubies de ces belles dames. Qui n'en ferait autant? Vive la libéralisation par le tissu ! C'était déjà le cas dans les temps renacentistes, quand les Pays Bas bourguignons puis les Anglais jouissaient d'un véritable monopole en la matière. Et ce n'était pas un mal... Quel spectable équivaudrait à la contemplation des ourlets des toiles de Van Eyck, de ses soies brillantes, de la sensualité de ses drapperies aux motifs infinis? Sans ce commerce, nulle Renaissance artistique flamande n'aurait fleuri. C'est plus tard que le bas a blessé! Stockings bless you, en mauvais anglais! L'industrie du textile est devenue la plus polluante de l'Histoire, déversant scrupuleusement, en guise d'offrande coloniale, ses colorants et produits chimiques dans des égoûts délocalisés. Les rivières sont devenues phosphorescentes comme les veines d'un junkie en fin de parcours. L'industrie en question fut également le moteur de la traite négrière, car la culture du coton et de l'indigo, qui donna sa couleur au blue jeans, nécessita une main-d'oeuvre gratuite à grande échelle et tout un charivari transatlantique sous la forme du commerce triangulaire.

Non, si cet uniforme anti-UV teinté de religiosité pose problème, c'est qu'il n'aurait pas reçu l'aval de la multitude et de ses représentants. À quand un référendum sur la question? On en est dans de sales, de draps... mais ne filons plus de métaphore et retournons-en à notre analyse.

Cette antiburkomanie pâlote est d'abord une affaire politique, soit. Dire que la gauche se soumet à une quelconque chariah est pourtant un contresens. D'abord, je l'ai dit, parce que ce burkini est une mixture nouvelle, un objet-valise post-moderne de plus à mettre dans l'escarcelle des nouvelles Mythologies. D'autres combinaisons communautaristes sont d'ailleurs à prévoir comme le Coca Cohalal, le Red-Bouddha, le Burger-Yi-King, le chocolat Milkacher, ou encore l'Évangélatine, pour pâtisseries new-borns méthodistes, équivalent du space-cake des hyppies. La Redoute veut continuer de vendre ses frusques aux musulmans, voila tout.

Comme le sus-dit catalogue, le PS propose son tissu idéologique aux chalands adeptes d'Allah. Tactique du rameutement propre au racolage électoral, à la logique imprésariale, utilisée dans toute grande corporation qui se respecte. Le procès peut être fait dans l'autre sens puisque leurs opposants misent sur le vote des français de souche lepenisés, prêts à lapider le premier barbu sorti du minaret si les ordres leur en étaient donnés, et à crier avec les Corses extrêmistes : "Arabi Fori!", comme au temps-jadis où il était de bon ton de casser du bicot dans une optique de rasainissement social.

Parler de politique, c'est décidément tomber bien bas.

Pour des raisons esthétiques, je déplore que des femmes, parfois superbes, puissent être burkinisées contre leur gré. Passons pour les boudins et les poilues qui ont le temps de se convertir à l'hédonisme des foules. Il faudrait défendre en tout cas celles qui sont empêchées de sortir de chez elles par des maris fanatiques... Enfermer ces derniers dans des fabriques de soutiens-gorges au Bengladesh, au sein du grand califat d'Inditex, telle serait l'une des solutions à privilégier. Et en fait de contraventions, si les pervenches sont lâchées en vue d'une récolte de fonds publics (avec les burkinis, on n'irait pas loin...), il faudrait appliquer ces mêmes procédures aux bonnes soeurs, aux hommes-grenouilles, ou encore aux kowietiennes sortant des palaces de la Côte d'azur, dont l'unique passe-droit est la carte de débit des fortunes de leurs époux, lesquels, visiblement, ne suscitent qu'un faible intérêt chez les flics et les diplomates de ce bon pays.



Etienne Milena, le 28 août 2016

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