jeudi 1 juin 2017

Plaire


Moon-Woman, Jackson Pollock


Lorsque l'on entre dans ses différents réseaux sociaux, dont celui, plus animé et significatif, de l'extérieur de notre immeuble, de notre maison, nous ne sommes plus les seuls spectacteurs de nous-mêmes. Voilà pourquoi, un certain taux de seduction dicte le monde lorsque l'on s'extériorise un peu, même quand l'intérêt semble atténué par un certain sens du sacrifice. Même un moine shaolin cherche à se montrer séduisant devant Dieu, bien qu'il donne un nom différent au vide qui l'entoure. Les évangélistes des mégachurches tendent à ce Père absent leurs bras de bébés déchus, comme des aveugles en manque d'air, et les musulmans se font la toilette avant de se prosterner, dans une tradition sans doute héritée des maîtres-yogis, excellente pour les articulations.

Tout cela ne représente cependant pas une dilution totale de l'ego.

Il y a dans un coin de chaque être un Eyes Wide Shut. Un Orphée qui veut voir l'impossible. Cet angle mort qui est un angle de vie, puisqu'il préside à tous les actes, est à peine conceptualisable : il est pourtant l'unique objectivisation possible de soi-même. Il commande le ballet de l'existence, où son sordide jeu de dupes (suivant les perceptions de notre entendement si celui-ci est prédisposé aux joies ou au marasme). 

Plaire est le seul but recherché par la volonté quand les animaux sont domestiqués. Même les chats, si fourbes et solitaires, savent charmer plus que quiconque. Et l'animal le mieux domestiqué, l'homme, en a fait sa spécialité.

Le processus de séduction est frustré, quand l'angle mort devient une porte ouverte, l'unique voie choisie par l'existence sortie de l'ombre.

Je ne sais si tout cela plaira, puisque les robots sont dépourvus de cette impulsion vitale, eux qui sont majoritaires, lorsque l'on se met à parler de choses sérieuses.

Etienne Milena, le 1er juin 2017


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